mercredi 8 mai 2013

Allaiter avec un téton ombiliqué

Quand j'étais enceinte du moustizèbre, il était évident pour moi que je ne l'allaiterais pas au sein (j'insiste quand on donne du lait qu'il soit maternel ou maternisé, on allaite). J'ai un profond dégoût du lait. J'angoissais déjà à l'idée de devoir préparer six biberons de lait par jour alors l'idée de produire du lait moi-même me rebutais au plus haut point. J'ai accouché et je n'ai, à aucun moment, été tenté par cette expérience (j'avais plein d'autres choses en tête à ce moment-là mais ça c'est une autre histoire).

Quand je suis tombée enceinte du ouistiti, je n'y ai pas pensé tout de suite. Néanmoins petit à petit, l'idée d'allaiter au sein a fait son chemin. J'avais un premier enfant avec un gros reflux et je savais que l'allaitement maternel n'empêche pas le reflux mais le lait maternel est moins douloureux en remontant que le lait maternisé. D'autre part, j'avais peur de ne pas savoir créer le lien avec mon deuxième fils parce que mon amour pour le premier était si grand. Je me disais que lui donner une "partie" de moi nous aiderait à installer ce lien. Enfin, la grossesse du ouistiti a eu lieu pendant l'épidémie de grippe A. La grippe A chez nous, on l'a bien côtoyé: le moustizèbre l'a eu en octobre alors que j'étais enceinte de 6 mois, puis le grand Lion l'a eu fin novembre alors que j'étais enceinte de 7 mois, il l'a eu dans sa forme compliquée avec une semaine d'hospitalisation et nous étions les cas de l'hôpital : le malade de la grippe A et la femme enceinte ... Ce virus a levé le dernier frein qui me retenait de me lancer dans l'expérience de l'allaitement maternel.

J'ai donc commencé à me renseigner sur les aspects techniques (je suis comme cela, j'ai besoin de connaître les aspects techniques) avec le livre L'allaitement du Docteur Marie Thirion, livre extrêmement bien fait qui a répondu à mes interrogations. J'ai appris théoriquement les positions pour allaiter, le fonctionnement des glandes mammaires, ... et j'ai découvert que nous n'étions pas forcément toutes égales face à l'allaitement, que l'une des complications pouvait venir de ses tétons.
Pas de bol, je rentrais dans cette catégorie : j'ai un téton dit plat et un téton ombiliqué. Un téton plat est un téton qui n'a pas de relief et un téton ombiliqué est un téton qui est à l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur.

La sage femme qui me préparait à l'accouchement m'indique alors qu'il me faudrait sûrement utiliser des bouts de seins en silicone, mais qu'on verrait à la naissance.

Quand le ouistiti est né, il était de petit poids (2,7 kg). Il se fatiguait vite et il ne prenait pas le sein spontanément. On m'a appris à faciliter la mise en bouche du téton ombiliqué en l'écrasant un peu, en le manipulant comme un bouchon de bouteille ... Parallèlement, on m'a tout de suite proposé d'utiliser un tire-lait pour stimuler la lactation, chose que le ouistiti faisait peu puisqu'il prenait mal le sein en bouche. Honnêtement, cela a été difficile. L'allaitement me prenait tout mon temps à la mater, les auxiliaires, les sages-femmes me désignaient comme étant le téton ombiliqué et évidemment le ouistiti ne prenait pas de poids. Néanmoins toute l'équipe voyant mon acharnement m'a épaulée, a toujours repoussé l'utilisation des bouts de seins voyant que le ouistiti arrivait à prendre le sein même si c'était difficile, m'a gardée plus longtemps (5 jours au lieu de 2) et quand enfin j'ai eu le feu vert pour sortir, m'a faite suivre en hospitalisation à domicile avec des rendez-vous à la maternité avec une conseillère en lactation. Le ouistiti a mis 15 jours pour retrouver son poids de naissance. Je ne suis pas passé en allaitement mixte parce que j'étais encadré et soutenu. Savoir qu'on viendrait me voir le lendemain me permettait d'affronter les 24 heures avec les difficultés de l'allaitement.

Au final, j'ai allaité 16 mois le ouistiti, le sein avec le téton ombiliqué était mon meilleur producteur. Il a même fini "plat" à la fin de l'allaitement, et le "plat" normal. Depuis tout est rentré dans l'ordre : mon téton ombiliqué est retourné se cacher, mon téton "plat" a perdu son relief. Et je ne regrette en aucun cas cette expérience.

Et pour la petite histoire, cela a l'air génétique puisque le ouistiti a, lui aussi, les tétons ombiliqués.


4 commentaires:

  1. Les débuts sont parfois difficiles, bravo de t'être accrochée!

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  2. Je n'ai jamais eu envie d'allaiter mais l'idée étant que tout le monde soit content avec ses choix, bravo pour ta persévérance et ton succès malgré ce téton du 3ème type...
    Je viens de lire avec plaisir une bonne partie de ton blog, je terminerai ce soir. J'ai deux petits gars de 2 ans et demi et 4 ans et demi, j'ai habité très longtemps sur la rive gauche de Paris et un peu en Catalogne, alors tout cela me parle.

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  3. Quel témoignage honnête et profond sur ton expérience d'allaitement. je ne connaissais pas tout ça. J'ai allaité mes deux enfants et c'est vrai que cela a été très facile à chaque fois mais je lis beaucoup de témoignages comme le tien.

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  4. Oh là... Je ne suis pas sûre que je me serais accrochée comme ça, à ta place ! Et pourtant, s'il y avait une évidence pour moi, depuis longtemps, c'est bien que je voulais allaiter mes oisillons ! J'ai eu de la chance finalement, tout s'est à peu près bien passé !

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